Avant-propos

Avant-propos

L’Association Internationale de Psychomécanique du Langage (AIPL) remercie les Responsables de la revue Studii de ştiinţă şi cultură de l’Université Vasile Goldiş d’Arad d’accueillir dans ce numéro thématique de leur revue les communications présentées lors du XIIIe colloque de l’AIPL organisé en collaboration avec l’Università degli Studi di Napoli “L’Orientale” et qui s’est tenu à Naples du 20 au 22 juin 2012.
Le colloque portait sur le thème : “Perspectives psychomécaniques sur le langage et son acquisition”.
Il a été l’occasion, pour les intervenants venant de divers pays du monde (Allemagne, Cameroun, Canada, Espagne, France, Italie, Portugal, Roumanie, Suisse) de présenter les dernières recherches en psychomécanique du langage.
L’originalité de ces travaux ne réside pas tant dans leur objet – le langage sous toutes ses manifestations –, que dans la démarche utilisée. Fondée par le chercheur français Gustave Guillaume (1883-1960) qui a été Chargé d’enseignement à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, à Paris, de 1938 à 1960, la psychomécanique se caractérise par la recherche des mécanismes qui sont à l’œuvre lorsque nous communiquons par le langage. Comme le laissent entendre les termes de “psycho-mécanique” et de “psycho-systématique”, ces mécanismes ne sont pas directement accessibles à l’observation : le linguiste qui les recherche doit partir du langage tel qu’il apparaît à nos sens (langage parlé, écrit, gestuel) pour remonter vers le fonctionnement mental qui a permis cette production langagière et qui, lui, n’est pas accessible à nos sens. A l’égal du physicien qui fait des hypothèses sur les propriétés de la matière pour expliquer ses observations ou le résultat de de ses expériences, le linguiste psychomécanicien est amené, lui aussi, à faire des hypothèses sur les processus mentaux qui sont susceptibles de rendre compte du fonctionnement normal – mais aussi anormal – du langage. Il dispose pour cela d’une méthode dont l’un des postulats fondamentaux – le principe du temps opératif – est expliqué ainsi par Gustave Guillaume :
“La vue de départ de la psychosystématique est celle-ci (…) qu’il faut du temps pour tout ce qui s’accomplit, et qu’il en faut, si peu que ce soit, pour penser, et donc, en linguistique, pour construire en pensée quelque chose et le lier à un signe” (extrait de la leçon de linguistique du 26 novembre 1953 – Dactylogramme inédit).   
On peut ici brièvement résumer cette méthode aux trois principes que voici :
1 – Il faut distinguer le plan de la langue (présente en nous, même lorsque nous ne parlons pas) du plan du discours (activé seulement lorsque nous communiquons oralement, par écrit ou par gestes) ;
2 – Les mécanismes sont des actes de représentation qui se déroulent en fonction d’un temps appelé “temps opératif” ;
3 – Les opérations mentales procèdent par des interceptions sur ce temps opératif. On peut avoir des saisies précoces, au point de départ du temps opératif, des saisies moyennes (lorsque le mécanisme est en cours) ou des saisies tardives (au terme du mouvement). Les effets de sens obtenus sont en rapport direct avec les saisies. En voici un exemple dans le domaine verbal : “manger” est une saisie précoce (l’action est envisagée),  “mangeant” une saisie moyenne (l’action est en cours), “mangé” une saisie finale (l’action est achevée).
Les communications présentées ici portent sur les mécanismes de diverses langues, sur la comparaison du fonctionnement de langues apparentées ou non, ainsi que sur les questions liées de didactique. Un accent particulier a été mis, dans le choix des communications retenues, sur celles traitant de l’acquisition du langage en langue maternelle ou en langue étrangère, ainsi que de problèmes de pathologie du langage et de rééducation (bégaiement, surdité).
Le lecteur intéressé par cette approche du langage est invité à consulter les sites suivants:
www.psychomecanique.com ,
www.gustave-guillaume.org ,
http://chercher.marcher.free.fr

Le prochain colloque de l’AIPL aura lieu à l’Université Laval, à Québec (Canada) du 17 au 19 juin 2015. Le thème en sera : “Psychomécanique du langage et linguistique contrastive”.  Puisse la présente publication donner envie au lecteur de venir y participer.

Alvaro ROCCHETTI,
Professeur émérite à l’Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris 3,
Président de l’AIPL

Louis BEGIONI,
Professeur à l’Université Charles-de-Gaulle – Lille 3,
Vice-Président de l’AIPL

Sophie SAFFI
Professeur à l’Université d’Aix-Marseille, AMU
Membre du bureau de l’AIPL